Kigali, le 31 décembre 2022

Alors que nous concluons 2022, je voudrais vous remercier les Rwandais pour la résilience dont vous avez fait preuve tout au long de l’année.

Nous avons surmonté certaines difficultés, comme la pandémie de la Covid.

Nous avons lancé la deuxième phase du Fonds de relance économique afin de continuer à soutenir les entreprises rwandaises, et notre économie a connu une croissance encore plus forte au troisième trimestre de l’année.

Avec la participation de tous les rwandais, nous avons également accueilli avec succès la Réunion des Chefs de gouvernement du Commonwealth (CHOGM) ainsi que d’autres événements importants.

En 2023, nous serons à un an de l’achèvement de la Stratégie nationale de transformation, notre programme gouvernemental qui s’étend sur sept ans.

Tout cela a été accompli tout en maintenant une sécurité et une stabilité inébranlables, auxquelles tous les Rwandais ont contribué.

Nous avons bien progressé, mais il va falloir de la discipline, de la cohérence et des efforts collectifs pour atteindre nos objectifs dans les délais.

Notre pays est plus fort, et c’est grâce à l’unité et au travail acharné des Rwandais.

Mais de nouveaux défis se sont également présentés. Ceux-ci nécessitent notre attention, particulièrement dans notre voisinage, et surtout en République démocratique du Congo.

Pour 2023, nous espérons avant tout une année de paix et de sécurité dans la région, qui nous permette de consolider nos acquis en matière de développement, et de progresser plus rapidement.

Nous tous dans la région et avec nos partenaires internationaux, devons travailler ensemble pour mettre en œuvre les solutions durables qui nous échappent depuis plus de deux décennies.

Il y a des initiatives régionales en cours dirigées par le président Lourenço de l’Angola ; le président Ndayishimiye du Burundi ; et l’ancien président Uhuru Kenyatta du Kenya.

Je les remercie, ainsi que les chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est, pour ce travail important qu’ils font, et que le Rwanda soutient pleinement.

Nous les félicitons également d’avoir accepté de déployer une force pour aider à stabiliser l’Est de la RDC.

Cependant, ces efforts ne porteront pas leurs fruits, si l’approche inopportune de la communauté internationale ne change pas de manière significative.

Il est décevant de voir que la communauté internationale qui affirme vouloir la paix, complique en réalité les choses, et de ce fait, sape les processus régionaux.

Après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars ces deux dernières décennies pour le maintien de la paix dans l’Est de la RDC, la situation sécuritaire est pire que jamais.

Pour expliquer cet échec, certains membres de la communauté internationale accusent le Rwanda, même s’ils savent très bien que la véritable responsabilité incombe en premier lieu au gouvernement de la République démocratique du Congo, ainsi qu’à ces acteurs extérieurs qui refusent de s’attaquer aux causes profondes du problème.

C’est un mensonge qui coûte cher et qui ne fait aucun sens.

Ils ne disent la vérité qu’à voix basse, craignant de déplaire au gouvernement congolais et de compromettre leurs propres intérêts. Ce faisant, ils enhardissent les dirigeants de la RDC à prendre des mesures de plus en plus drastiques pour consolider leur base populiste, mais qui sont en même temps dangereuses pour le peuple congolais.

Même si le Groupe d’experts des Nations unies a documenté la collaboration entre l’Armée congolaise, les FDLR et d’autres milices, sans parler de la montée alarmante des discours de haine, ces facteurs sont pratiquement ignorés comme s’ils n’avaient aucune conséquence.

Cette attitude est choquante, mais pas surprenante, compte tenu de ce que nous les Rwandais savons et avons vu dans notre région dans les années 1990.

Nous en avons assez de cette hypocrisie. Il est grand temps que la diffamation injustifiée du Rwanda cesse.

Évidemment, nous sommes directement affectés lorsque le reste des milices qui ont commis le génocide au Rwanda deviennent des forces subsidiaires de l’armée de la RDC et mènent des attaques transfrontalières.

Aucun pays ne peut accepter cela.

Le Rwanda n’acceptera jamais cela comme normal et répondra toujours de manière appropriée, car notre sécurité et notre stabilité sont primordiales.

Nous n’aurions pas pu mieux apprendre de notre histoire.

Il y a plus d’une centaine de groupes armés qui fleurissent dans l’Est du Congo, y compris des milices génocidaires rwandaises telles que les FDLR.

Ces groupes créent une insécurité constante pour les civils en RDC et au Rwanda.

Cette situation prévaut parce que la RDC n’est soit pas disposée ou pas capable de gouverner son territoire.

Le Rwanda devrait-il supporter seul les dysfonctionnements de cet immense pays ?

La situation des réfugiés congolais, dont le droit à une nationalité est nié par leur pays d’origine, en est un exemple.

Il ne s’agit pas seulement de « discours de haine », mais de persécution active, depuis des décennies.

Le Rwanda fait partie des pays d’Afrique de l’Est qui accueillent depuis des décennies, des centaines de milliers de réfugiés congolais.

Nous en avons plus de 70.000 inscrits, rien qu’au Rwanda. Et de nouveaux réfugiés continuent d’arriver.

Pourtant, la communauté internationale prétend qu’ils n’existent pas, ou qu’elle ne sait pas ce qui a fait de ces personnes des réfugiés au départ.

La politique semble être que ces réfugiés restent indéfiniment au Rwanda, ce qui ne sert qu’à justifier le mensonge selon lequel ils sont en fait Rwandais qui, du coup, méritent d’être expulsés.

Il s’agit d’un problème international qui nécessite une solution internationale. Les problèmes politiques non résolus qui font que ces groupes armés continuent de proliférer, et que les discours de haine continuent d’être entendu, sont les mêmes.

Le Rwanda n’acceptera pas de porter le fardeau des responsabilités de la RDC. Nous avons assez de nos propres fardeaux, que nous tâchons de porter aussi efficacement que possible.

Les conditions doivent être créés pour que les réfugiés congolais rentrent chez eux dans la sécurité et la dignité.

En tout cas, le Rwanda ne les empêchera pas de rentrer chez eux, quelle que soit la manière dont ils s’y prennent.

Nous avons également des réfugiés burundais au Rwanda. Le gouvernement burundais s’efforce de rassurer ces réfugiés sur le fait qu’ils peuvent retourner dans leur pays en toute sécurité, notamment en visitant les camps de réfugiés. Grace à cette initiative, beaucoup sont déjà retournés chez eux.

C’est la bonne chose à faire. Cela montre que ce problème peut être résolu si la volonté politique est là.

Je voulais expliquer ces points clairement afin que nous les Rwandais, comprenions la situation actuelle, et que nos partenaires et amis à travers le monde comprennent notre position.

En même temps, il est important de dénoncer les soi-disant experts africains et décideurs des « politiques Afrique » qui colportent des mensonges et sèment la confusion sur le Rwanda et cette région, d’où qu’ils viennent.

Je veux rassurer les Rwandais que notre pays continuera d’être sûr et sécurisé en 2023. Cela ne fait aucun doute.

Et je crois qu’en poursuivant de la mise en œuvre des décisions des processus régionaux de Luanda et de Nairobi, nous pouvons résoudre ce problème, en gardant à l’esprit que la RDC est notre voisin, et que nous vivrons toujours côte à côte.

Et je suis convaincu que le moment venu, notre avenir commun en Afrique de l’Est et dans la région des Grands Lacs sera prospère et sûr.

Nous travaillerons sans relâche pour y arriver.

Je tiens à remercier tous les Rwandais pour votre travail acharné et votre dévouement envers notre nation.

Gardons cet esprit en 2023, et au-delà.

Je vous souhaite, à vous et à vos proches, une bonne et heureuse année.

Nous en profitons également pour souhaiter à nos frères et sœurs de la région, une très bonne année!

Que Dieu nous bénisse tous.