Brazzaville, 11 avril 2022
Merci, Honorable Isidore Mvouba, pour cette aimable présentation.
Je suis honoré d’être ici aujourd’hui. Je voudrais tout d’abord vous remercier de m’avoir invité à prendre la parole devant cet auguste Parlement.
Permettez-moi d’exprimer mes sincères remerciements à la République du Congo, ainsi qu’au peuple frère congolais pour l’accueil chaleureux qui m’a été accordé dans votre si beau pays.
Cette visite est une occasion d’approfondir l’amitié entre le Rwanda et le Congo, et de renforcer la coopération au profit des citoyens de nos deux pays.
Les peuples du Rwanda et de la République du Congo sont unis par une vision commune d’une région stable et prospère. Nous avons également en commun la volonté de rassembler les pays et les peuples africains, en œuvrant en faveur d’un continent fort et prospère.
Au fil des ans, ces objectifs ont servi de base à notre amitié. Mais aujourd’hui, plus que jamais, nous devons aller encore plus loin.
Cette semaine au Rwanda, comme chaque année pendant le mois d’avril, marque une période sombre . En effet, nous commémorons les vingt-huit ans du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994. Pour les Rwandais, c’est le moment de se souvenir, mais aussi de s’engager à nouveau à renforcer notre unité nationale.
Nous remercions nos amis et partenaires du monde entier pour la solidarité exprimée à notre endroit pendant cette période. Nous apprécions à sa juste valeur le soutien du Gouvernement du Congo, représenté par le Ministre de la Coopération Internationale, Denis Christel Sassou Nguesso, à la cérémonie de commémoration qui s’est tenue ici à Brazzaville.
Les Rwandais veulent s’assurer que les dures leçons de notre tragédie ne soient pas perdues, mais plutôt utilisées pour faire de nous des personnes meilleures, capables de construire un pays que les Rwandais méritent, et de contribuer au bien-être et au succès de notre continent.
Aujourd’hui, notre continent fait face à des défis et ce, sur une multitude de fronts.
La pandémie de Covid-19 nous a démontré qu’aucun pays n’a la capacité de relever, seul, les défis mondiaux, et que nous devons travailler ensemble pour sauver des vies et gérer les conséquences de menaces qui nous concernent tous.
Ça nous a rappelé, une fois de plus, l’importance d’un système de santé national solide et l’urgence de se préparer aux futures crises sanitaires.
Nous devrions également appliquer ce type de préparation à tout autre type de crise.
Sur le front de la santé, un élément important est l’augmentation du financement national, une priorité pour l’Union africaine qui suit les progrès réalisés chaque année.
Un environnement réglementaire solide est également essentiel à nos efforts collectifs. L’Agence africaine du médicament, récemment créée, permettra à notre continent de réglementer et d’approuver ses propres vaccins et médicaments de haute qualité. Nos deux pays sont signataires de ce traité, et nous espérons que le Congo procédera bientôt à sa ratification.
C’est dans ce contexte que le Rwanda – ainsi que le Ghana et le Sénégal – est en train de mettre en place une usine de production de vaccins à ARNm, en partenariat avec BioNTech, l’Union africaine et l’Union européenne.
Grâce à ces nouvelles capacités, l’accès aux vaccins et aux autres médicaments sera amélioré au niveau national et dans l’ensemble de la région. Cette initiative permettra également de transférer des connaissances et du savoir-faire, ce qui est important pour la sécurité sanitaire de l’Afrique.
La paix et la sécurité en Afrique demeurent une priorité, et le Rwanda et le Congo sont tous deux engagés dans les efforts visant à résoudre les situations difficiles actuelles, notamment dans la région du Sahel, en Éthiopie et en Somalie. Nous saluons le rôle joué par Son Excellence Denis Sassou Nguesso en tant que président du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la situation en Libye.
Le Rwanda continue d’être actif dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies. Actuellement, plus de cinq mille soldats servent en République Centrafricaine et au Soudan du Sud.
Le Rwanda a également répondu à une demande du Mozambique, pour l’aider à combattre le terrorisme dans le nord du pays qui menaçait de déstabiliser toute la région.
Depuis juillet dernier, les forces rwandaises de défense, en collaboration avec les forces mozambicaines et les forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ont réussi à rétablir la sécurité dans la région de Cabo Delgado.
Nous continuons à travailler avec le Mozambique afin de mobiliser le soutien supplémentaire nécessaire pour maintenir les avancées positives et obtenir la paix et la stabilité à long terme, indispensables au développement socio-économique.
En outre, à l’invitation du gouvernement de la République Centrafricaine, les forces rwandaises de défense ont contribué à ce que les élections présidentielles se déroulent dans le calme à la fin de 2020, et elles continuent de contribuer à renforcer la sécurité.
Dans notre région des Grands Lacs, des poches d’insécurité persistent et la lutte contre les groupes armés, en particulier dans l’est de la RDC, exige une collaboration régionale étroite et cohérente, notamment au sein des organisations et des structures mises en place pour superviser cette tâche difficile.
L’intégration régionale et continentale ainsi que la coopération, est un aspect important des plans de développement du Rwanda.
Au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, à laquelle nos deux pays appartiennent, des progrès sont enregistrés sur de nombreux fronts. Les parlementaires ont un rôle important à jouer dans l’avancement de nos objectifs de développement régional, en particulier dans l’harmonisation des lois et des règlements à travers la CEEAC.
Il y a quelques jours, la Communauté d’Afrique de l’Est a accueilli la République démocratique du Congo comme 7è membre. Cela porte la population de la Communauté d’Afrique de l’Est à environ 300 millions d’habitants, ouvrant ainsi des possibilités dans tous les secteurs, pour les habitants de notre région et au-delà.
Il s’agit d’un développement important, car des communautés économiques régionales fortes sont des éléments essentiels pour une intégration continentale réussie. Il y a également les immenses possibilités offertes par la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Demain, ici à Brazzaville, nos deux pays feront progresser leur relation bilatérale en signant plusieurs accords dans des secteurs clés axés sur la coopération économique et les échanges culturels. Nous nous réjouissons de continuer à travailler ensemble, dans le cadre d’un partenariat mutuellement productif et bénéfique, pour les peuples du Congo et du Rwanda.
En particulier, nos efforts conjoints devraient continuer à offrir des opportunités aux jeunes Africains, qui sont la ressource la plus importante et la plus précieuse de l’Afrique, et leur permettre d’utiliser et de tirer profit de leurs énergies et de leurs talents.
Permettez-moi de réitérer la volonté du Rwanda de renforcer davantage notre amitié et notre coopération avec le Congo.
Face à l’incertitude de la situation sécuritaire mondiale actuelle et de la pandémie de Covid-19, notre partenariat peut servir de moteur positif pour la stabilité, la croissance et la prospérité dans notre région et sur notre continent.
Je ne peux pas conclure sans mentionner le point le plus important.
Nous connaissons les problèmes auxquels l’Afrique est confrontée. Et nous connaissons également les solutions. Ce qu’il faut, c’est qu’ensemble, nous passions des paroles aux actes, avec un sentiment d’urgence.
Nous ne pouvons pas nous enorgueillir d’avoir dit ce qu’il fallait pendant des décennies pour nous retrouver, dans plusieurs années, à faire le constat de ne pas avoir accompli grand-chose. Nous devons agir pour tenir les promesses que nous nous sommes faites à nous-mêmes, mais surtout à nos citoyens.
L’Afrique parle d’intégration et d’unité depuis qu’elle existe. Nous devons continuer à avancer rapidement. Avec les vastes connaissances et ressources dont dispose notre continent, il n’y a aucune raison d’être encore là où nous sommes aujourd’hui.
Certains conflits sur le continent durent depuis des décennies, et il n’y a aucune explication à cela, à part que nous ne faisons pas ce que nous savons être juste.
Il est grand temps de faire mieux.
Une fois de plus, chers parlementaires, je tiens à vous remercier pour l’honneur qui m’est fait de m’adresser à ce Parlement et pour votre aimable attention.